Auteur Aurélien Dhaussy

Inspiré dès l’enfance par son grand-père ancien combattant, Aurélien Dhaussy a fait de l’engagement militaire le fil conducteur de sa vie. Du rêve d’enfant au désert malien, de la blessure invisible à la reconstruction par l’écriture et le sport, il témoigne d’un parcours de courage et de renaissance.
« LE SYNDROME DE STRESS POST-TRAUMATIQUE EST UNE BLESSURE RÉELLE, MAIS QU’ON PEUT DOMPTER . »
Servir, comme un héritage
Je m’appelle Aurélien Dhaussy, né à Valenciennes, père de cinq enfants. Depuis tout petit, je voulais marcher sur les traces de mon grand-père, ancien d’Algérie. Dans ses médailles, je voyais le reflet d’un idéal : le dévouement et l’honneur. J’ai poursuivi ce rêve sans relâche, sans imaginer qu’il me mènerait du rêve au cauchemar. Ma première expérience fut en gendarmerie, à l’école de Châteaulin.
J’avais vingt-et-un ans, plein d’énergie, encore sous l’influence d’un père exigeant. Servir, oui, mais sans trop m’éloigner — j’ai donc choisi l’uniforme bleu. Mon premier poste m’envoie en Corse, à Ponte-Leccia. Là, je découvre la vie brute, sans filtre : drames de la route, morts, violence. Rien ne prépare à ces images. Pourtant, ma motivation ne faiblit pas ; je veux aller plus loin, être plus utile.
Du rêve au désert
Le 4 février 2014, je signe un contrat de dix ans à l’armée de Terre. À Bitche, au 16e bataillon de chasseurs à pied, je deviens major de promotion, puis opérateur radio parmi les « Pirates de la 4 ».
Quand on nous annonce une mission au Mali, je me dis : « Je l’ai fait. » Dans le désert de Tessalit, la chaleur, la peur et le silence avalent tout.
Chaque mission est un pari sur la vie. Les pistes sont piégées, les IED explosent à quelques mètres. Le 17 avril, une roquette tombe à dix mètres de moi. Elle ne détonne pas. Un muret, un hasard, et je vis. Sur le moment, je me fige. Plus tard, je comprendrai : c’est là que la fissure s’est ouverte.
« J’avais vu la mort. Mais cette fois, j’avais vu la mienne. ».
La blessure invisible
De retour en France, je continue à servir trois ans. Je cache mes troubles, persuadé de pouvoir les maîtriser.
Mais en 2019, tout s’effondre : arrêt, diagnostic, solitude. Le syndrome de stress post-traumatique me frappe de plein fouet. Moi qui avais toujours été fort, je me sens inutile.
« C’est moi qui décide si je suis inutile ou non.»

Reconstruction
Alors je reprends le combat autrement.
J’écris Du fond de l’Enfer et Ce qu’il reste de moi…. L’écriture me sauve : elle donne un sens à la douleur et tend la main à d’autres blessés.
Parler, c’est déjà se battre.
Puis je me remets au sport : d’abord pour respirer, ensuite pour revivre.
« Restez en mouvement, les gars ! »
Renaissance et transmission
Cette devise m’a mené jusqu’aux Invictus Games, où j’ai représenté la France dans quatre disciplines. En rugby fauteuil, nous avons remporté la première médaille d’or française, battant les États-Unis en demi-finale. Quande sifflet a retenti, j’ai pleuré toutes les larmes retenues depuis des années.
Ce jour-là, j’ai compris : j’avais vaincu mes démons.
Aujourd’hui, je continue de servir autrement : par l’écriture, le sport, la formation de jeunes judokas, et mon engagement avec Ça va de pair[s] et Soldartistes.
Bientôt, je reprendrai du service en police municipale, fidèle à ma vocation : protéger, aider, transmettre.

« Je ne nie pas la blessure. Je la regarde en face. Elle fait partie de moi, mais elle ne me définit plus. »
« Le SPT n’est pas une fin. C’est un combat de plus. Et comme tout combat, il se gagne ensemble. »