QUAND LE SPORT ET L’ARMÉE SE RÉINVENTENT ENSEMBLE.
Auteure Mercédès CLOSA
« Après une carrière exigeante, ils doivent aborder une nouvelle vie. Cette transition, personne ne la voit, mais elle est souvent la plus difficile. » François Etourmy, ancien directeur de la Maison d’accueil des blessés des armées ATHOS à Bordeaux, président d’Athlète Passerelle d’Avenir (APA), résume ainsi le défi que relève son association depuis son lancement officiel, le 25 juin 2025.
Dans une société où les sportifs de haut niveau et les vétérans militaires valides et invalides, sont souvent célébrés pour leurs exploits, leur retour
à la vie civile reste un parcours semé d’embûches, marqué par l’isolement et le doute. APA se donne pour mission de transformer cette épreuve
en opportunité, en accompagnant ces profils d’exception vers une seconde carrière.

« Pendant vingt ans, j’ai été le champion.Le jour où j’ai arrêté, je n’étais plus rien. »
Adrien, médaillé olympique en aviron, n’est pas un cas isolé. Chaque année en France, 800 sportifs de haut niveau et 10 000 militaires quittent leur univers pour rejoindre le monde civil. Pourtant, seuls 40 % des athlètes trouvent un emploi stable dans les deux ans, et 15 % des vétérans sont encore au chômage cinq ans après leur démobilisation.
« On nous forme à être les meilleurs, mais personne ne nous forme à redevenir ‘normaux’», confie Thomas, ancien sauteur à la perche.
Pour les militaires, le choc est tout aussi brutal. « Dans l’armée, on vous apprend à obéir, à survivre, à protéger.
Personne ne vous apprend à postuler à un emploi, » témoigne Karim, ancien parachutiste.
Les compétences acquises – discipline, gestion de crise, leadership – sont souvent invisibles aux yeux des recruteurs, faute de savoir les valoriser.
« On nous dit : Vous n’avez pas d’expérience. Mais si ! Juste pas sous la forme qu’ils attendent. »
Élodie, ancienne gymnaste de haut niveau
« Vous n’êtes pas seuls. Ici, on ne vous demande pas d’oublier ce que vous avez été. On vous aide à devenir ce que vous serez. »
C’est sur cette promesse qu’APA a été lancée à Talence, ville emblématique de l’athlétisme français.
L’association repose sur trois piliers :
Le mentorat par les pairs Chaque « Mover » (sportif ou vétéran en transition) est accompagné par un mentor, souvent un ancien sportif ou militaire. « On parle le même langage.
On comprend leurs doutes sans qu’ils aient besoin de les expliquer, » souligne Sophie, ancienne nageuse olympique et mentore.
Un réseau d’entreprises engagées.
Des partenaires, à l’exemple de Decathlon, Thales, ou encore la Fédération Française d’Athlétisme, s’engagent à recruter ou former les Movers. « Nous organisons des ateliers où les recruteurs viennent les rencontrer. L’idée ? Casser les préjugés, » explique François Etourmy.
Un taux de réinsertion professionnelle de 78% pour les premiers accompagnés, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale.
Les Boosters, une communauté solidaire
Des particuliers ou entreprises qui soutiennent financièrement ou humainement l’association. « En devenant Booster, vous ne donnez pas de l’argent. Vous offrez une seconde chance, » résume Jean-Michel, ancien dirigeant et Booster actif.
« La vraie performance, ce n’est pas de gagner une médaille ou une bataille. C’est de se relever après. » — François Etourmy, président d’APA
Des parcours de membres qui inspirent

Yasser Musanganya Para Athlète spécialité 100m.
Milo Bernard Para Athlète, spécialisé en Sprint et Longueur.
Maxime Cabanne Para Surfeur.
Tom Campagne, champion de France de saut en longueur en 2025, est aujourd’hui mentor pour les jeunes athlètes : « Je leur dis : votre valeur ne
se mesure pas à vos médailles. Elle se mesure à ce que vous en ferez après. »
Marc, ancien légionnaire blessé de guerre, est désormais responsable logistique chez un équipementier sportif : « Sans APA, je n’aurais jamais osé postuler. Aujourd’hui, je manage une équipe de 15 personnes. Mes années dans l’armée me servent tous les jours. »
« Les entreprises ont besoin de profils comme le nôtre. Elles ne le savent juste pas encore. »
Talence, symbole d’un nouveau départ.
Le choix de lancer APA à Talence, ville qui accueille chaque année les Championnats de France d’athlétisme, n’est pas anodin. « Ici, on parle performance et dépassement de soi.
C’est aussi ici que nous voulons parler de reconstruction, » explique François Etourmy
Le 25 juin 2025, la cérémonie de lancement a réuni 200 personnes – Movers, Boosters, entreprises et institutionnels.
Parmi les temps forts :
• Une table ronde avec des athlètes et militaires en transition.
• La signature de partenariats avec des entreprises locales.
• Un discours marquant de François Etourmy : « La vraie performance, c’est de se relever après. »
« Ce jour-là, j’ai senti que nous étions au début de quelque chose de grand. »
François Etourmy
Les défis de demain : changer les mentalités

Pour y remédier, APA mise sur :
• Des campagnes de sensibilisation auprès des recruteurs.
• Des formations pour aider les Movers à valoriser leurs compétences.
• Un plaidoyer auprès des institutions pour faciliter les transitions.
L’ambition ? « Faire d’APA un référent national d’ici 2030. » Pour y parvenir, l’association a besoin de :
• Plus de Boosters (objectif : 500 d’ici 2027).
• Plus de partenariats avec les fédérations sportives et le ministère des Armées.
• Un financement pérenne pour former davantage de mentors
« Le plus gros obstacle, c’est la méconnaissance, » explique François Etourmy. « Les entreprises ne savent pas comment intégrer ces profils. Les sportifs et les militaires ne savent pas comment se vendre. »
Un appel à l’engagement
« Personne ne réussit seul, » rappelle François Etourmy. APA recherche des Boosters – entreprises ou particuliers
– pour soutenir ces parcours. « En nous rejoignant, vous ne financez pas un projet, vous changez une vie.»
Pour aller plus loin :
• Contact :
contact@athlete-passerelle-avenir.fr
Épilogue : La flamme et l’héritage
François Etourmy regarde vers l’avenir avec détermination. « Nous voulons que chaque sportif, chaque militaire en transition sache une chose : leur histoire ne s’arrête pas là où on le leur dit.
Elle continue. Et elle peut être belle. »
Pour Élodie, Julien, Tom et les autres, APA n’est pas une association.
C’est une famille. Une seconde chance.
Une prommesse que la résilience, ça se partage.
« On marche et on grandit ensemble. »
François Etourmy, président d’APA.